L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
        
        
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          aux esclaves une âme équivalente à celle des citoyens romains remettait
        
        
          sérieusement en cause les fondements de l’économie et de la société.
        
        
          L’individualisme se développe encore avec l’amour courtois, exulte pen-
        
        
          dant la Renaissance, triomphe pendant la Révolution industrielle. En
        
        
          incitant chaque personne à libérer toutes ses ressources afin de satisfaire
        
        
          toutes ses envies, il provoque en Europe une explosion d’initiatives et
        
        
          de créativité qui fonde le capitalisme et la prospérité. Sa contagion au
        
        
          monde au cours du xx
        
        
          e 
        
        
          siècle déclenche une croissance économique
        
        
          sans précédent, laquelle provoque une explosion démographique qui
        
        
          fait passer la population mondiale de 1 milliard d’humains en 1800 à
        
        
          9 milliards en 2050.
        
        
          Mais l’individualisme a un prix :
        
        
          En mettant en compétition les individus les uns contre les autres,
        
        
          X
        
        
          X
        
        
          il favorise les inégalités de toutes sortes et donc les tensions et les
        
        
          guerres.
        
        
          La culture de la compétition induite par l’individualisme isole les
        
        
          X
        
        
          X
        
        
          individus les uns des autres. Elle favorise la suspicion, la haine et les
        
        
          conflits non seulement entre les peuples, comme dans l’Antiquité,
        
        
          mais aussi à tous les niveaux de la société : voisin contre voisin, parent
        
        
          contre parent, employé contre employeur, client contre fournisseur,
        
        
          femmes contre maris, enfants contre parents. Elle dégrade la cohé-
        
        
          sion et l’harmonie sociale en substituant aux communautés rassu-
        
        
          rantes des groupes d’individus sauvages qui, sous des apparences
        
        
          polies, ne pensent qu’à se manger entre eux. Les Asiatiques (plutôt
        
        
          moins individualistes), qui viennent passer les fêtes dans les capitales
        
        
          européennes (plutôt plus individualistes), sont parfois envahis d’un
        
        
          malaise connu sous le nom de « maladie de Paris » : ils s’enferment
        
        
          dans leur chambre d’hôtel pour n’en sortir que le jour du retour.
        
        
          L’obsession du progrès personnel, s’il favorise le progrès collectif
        
        
          X
        
        
          X
        
        
          induit un redoutable « stress du changement » auquel les esprits
        
        
          jeunes peuvent s’adapter plus facilement que les personnes
        
        
          vieillissantes. Il n’est pas bon de vieillir en Occident. On y est vite
        
        
          marginalisé.
        
        
          La boulimie individuelle atteint rapidement ses limites quand elle
        
        
          X
        
        
          X
        
        
          veut être partagée par les 9 milliards d’individus qui devront cohabiter
        
        
          en 2050. L’empreinte écologique de l’humanité actuelle se rapproche
        
        
          peu à peu d’une double planète. Il n’y aura bientôt plus assez de ma-
        
        
          tières premières, d’énergie, d’eau potable, d’air pur et d’espace tem-
        
        
          péré pour contenter tout le monde. « L’american way of life » étendu