L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
        
        
          105
        
        
          I
        
        
          Cette religion nouvelle exigera le recrutement d’une véritable armée
        
        
          d’apôtres : douze ne suffiront probablement pas.
        
        
          Votre candidature sera donc la bienvenue.
        
        
          I
        
        
          ndustrie
        
        
          L’industrie, même si elle se relocalise avec l’explosion du coût des trans-
        
        
          ports internationaux, évolue progressivement de la production au recy-
        
        
          clage. Des usines entières se chargent du désossage des automobiles, des
        
        
          ordinateurs et de toutes ces machines que vous êtes allés dénicher chez
        
        
          Darty lors de vos samedis après-midi d’antan. Les moindres molécules de
        
        
          cuivre ou de titane, devenues si rares, y sont triées par des robots ou des
        
        
          méthodes nano-technologiques. D’autres usines traitent les eaux usées.
        
        
          D’autres encore sont chargées de purifier l’air ou de recapturer le CO2
        
        
          disséminé jadis par vos parents. Ce CO2 est alors injecté sous la terre
        
        
          dans les anciennes poches de pétrole quand il n’est pas solidifié en un
        
        
          charbon qui retourne tranquillement au fond de la mine dont il vient.
        
        
          Il devient alors possible de climatiser la Terre à la température idéale de
        
        
          20° C (25° C pendant les vacances scolaires). Il suffit pour cela de doser
        
        
          avec précision la quantité souhaitée de CO2 dans l’atmosphère. Ces
        
        
          industries nouvelles sont définitivement au point aux alentours de 5967.
        
        
          I
        
        
          nsouciance
        
        
          Quand vous étiez enfant, le merveilleux était encore possible. En hiver,
        
        
          il y avait encore de la neige qui tombait. Assis au coin du feu, le soir du
        
        
          réveillon, vous vous entendiez raconter des histoires de Père Noël et de
        
        
          rennes volants. On évoquait le Futur comme un monde fabuleux où les
        
        
          transports seraient encore plus rapides, les voyages encore plus nom-
        
        
          breux, les résidences encore plus spacieuses, l’énergie encore meilleur
        
        
          marché. C’était le temps où le baril de pétrole coûtait moins cher que
        
        
          celui d’eau minérale, où l’on pouvait prendre la voiture aussi souvent que
        
        
          l’on voulait, où l’on pouvait déambuler en tee-shirt dans son domicile
        
        
          surchauffé même quand il neigeait dehors, où l’on n’hésitait pas à tirer la
        
        
          chasse d’eau, même pour un petit pipi.
        
        
          Aujourd’hui, de quoi parle-t-on aux enfants dans les écoles primaires ? :