L'art de se faire des ennemis - page 49

acceptera dans 90 % des cas (croyez-en mon expérience)
de troquer le récit de son existence contre celui de la
vôtre. Peu de voyages sont plus intéressants que les
premiers pas dans la découverte d’un inconnu, d’un
continent inconnu. Si, au début, il semble y avoir un peu
de réticence, rassurez-vous : ce n’est en général que de
l’étonnement ou de la timidité. Qui ne serait pas heureux
de rencontrer, enfin, l’Etre prêt à l’écouter et à le recevoir
tel qu’il est ?
Mais ceci nous amène à la recommandation suivante :
Centrer vos premières transactions sur la personne de
l’autre et non pas sur la vôtre.
Ceci est particulièrement important au début, quand il
faut amorcer la pompe. Vous-même vous vous connais-
sez déjà parfaitement. Qu’avez-vous à gagner à raconter
votre vie une fois de plus ? Poser des questions (pas trop),
reformuler, regarder (pas trop) et surtout écouter sont
autant de moyens non seulement de s’agrandir d’un
beau voyage intérieur, mais également de paraître sym-
pathique et de donner des chances de survie à une rela-
tion naissante, domaine où la mortalité infantile défie
l’imagination.
Il est vrai, cependant, qu’il n’y a pas de séduction sans
narcissisme, qu’il ne suffit pas d’être curieux des autres
pour être séduisant et qu’on ne peut aimer que ceux qui
s’aiment personnellement.
En d’autres termes, il n’y a pas un postulat nécessaire,
mais deux, pour créer la relation en ce temps fragile de
l’amorçage :
1)
L’autre est (explicitement) quelqu’un de très intéres-
sant.
2)
Je suis (implicitement) quelqu’un de très intéressant.
Compenser l’« érosion naturelle » par un effort inces-
sant de « renouvellement ».
et de saboter ses relations de couple
47
1...,39,40,41,42,43,44,45,46,47,48 50,51,52,53,54,55,56,57,58,59,...204
Powered by FlippingBook