L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
        
        
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          D
        
        
          La logique du Vélib, puis de l’Autolib, déjà en usage aux États-Unis
        
        
          (Zipacar.com)
        
        
          , introduit ces pratiques dans le monde matériel. Ne dis-
        
        
          poser d’un vélo ou d’une voiture que le temps du besoin est à la fois
        
        
          pratique, économique et agréable. Cette formule vous fait gagner un
        
        
          temps précieux en termes de maintenance, de gardiennage, de recherche
        
        
          d’une place de stationnement aux heures de pointe. Ici encore ce qui
        
        
          compte ce n’est pas la propriété individuelle, c’est l’utilisation, la jouis-
        
        
          sance, la qualité effective du temps passé. La pratique de la propriété
        
        
          partagée vous affranchit des pesanteurs habituelles.
        
        
          On peut étendre aux domiciles cette pratique des véhicules et imaginer
        
        
          un concept nouveau, celui de « domilib ».
        
        
          Un simple mot de passe ou la présentation de votre index à un lecteur
        
        
          et vous voici chez vous, tout de suite, partout, sans même avoir eu de
        
        
          bagages à transporter. Votre abonnement à un réseau ou à un site web
        
        
          vous permet de bénéficier, moyennant une honnête contribution (men-
        
        
          suelle ou annuelle) d’un réseau de lieux d’habitation tous équipés en
        
        
          literie, en matériel de cuisine, en électronique de pointe.
        
        
          Les domilibs sont tous aménagés de façon similaire, un peu à la façon
        
        
          des chambres Novotel, afin que leurs occupants « multisédentaires » s’y
        
        
          sentent immédiatement à la maison.
        
        
          Le domilib n’est pas distribué à l’ancienne en de multiples pièces comme
        
        
          la cuisine, la salle à manger, le salon ou le bureau, chacune dévolue à
        
        
          un usage particulier. Comme la population des mégalopoles ne cesse
        
        
          d’augmenter, le coût du mètre carré ne cesse de grimper. Le temps est
        
        
          venu de se montrer intelligent. Une même pièce, vaste, lumineuse et
        
        
          insonorisée, peut servir à tous les usages. Il suffit pour cela de disposer
        
        
          de quelques meubles légers, faciles à démonter et à ranger dans un vaste
        
        
          placard. Quelques matelas enroulés, une ou deux tables pliantes, des
        
        
          sièges et de nombreux coussins de soie peuvent suffire à rendre une
        
        
          pièce fonctionnelle, agréable et même luxueuse. Car le vrai luxe, c’est
        
        
          aujourd’hui l’espace. Mieux vaut donc une seule grande pièce modulable
        
        
          qu’un assortiment de petites. Les exceptions (car il en faut) ne sont
        
        
          vraiment justifiées que pour les pièces d’eau et les chambres d’invités
        
        
          ou d’enfants. Le besoin d’isolement constitue la seule vraie limite de
        
        
          ce système.
        
        
          Un domilib n’étant pas utilisé tout le temps, il n’a pas besoin d’être
        
        
          chauffé, climatisé, musicalisé ou éclairé en permanence. Il gère donc