L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
        
        
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          échets
        
        
          Le terme existe encore. Il est coriace. Il va durer encore quelques
        
        
          décennies, quelques siècles peut-être, même s’il est, lui aussi, condamné.
        
        
          Car la poubelle est presque pleine.
        
        
          Avec la croissance économique et démographique, le stockage est devenu
        
        
          intenable. Chaque Français produit près de 400 kilos de déchets par an. Si
        
        
          la population s’approche de 10 milliards et si chaque Terrien se comporte
        
        
          alors comme un Français, on atteindra les 4 000 milliards de déchets
        
        
          chaque année dont seule une petite partie aujourd’hui est recyclée et
        
        
          uniquement dans les pays très riches. À l’inverse, des pays pauvres sont en
        
        
          train de devenir de véritables « pays-poubelles », comme le Nigeria qui
        
        
          s’est spécialisé dans la récupération des carcasses de vieux ordinateurs ou
        
        
          le Nord de la Sibérie qui entrepose (peut-être à ciel ouvert, personne ne
        
        
          sait très bien) les déchets nucléaires issus des centrales françaises.
        
        
          La solution ne peut donc passer que par des normes internationales
        
        
          contrôlées par des organismes internationaux ou par un embryon de
        
        
          gouvernement universel.
        
        
          On peut ainsi imaginer une universalisation du principe de la « bouteille
        
        
          consignée ». Le principe est radical : faire payer les pollueurs, faire de la
        
        
          pollution un produit marchand. Étendu à d’autres produits, on pour-
        
        
          rait généraliser le principe de la caution à tous les emballages, à toutes
        
        
          les matières premières. Cette caution n’est récupérée qu’au retour de
        
        
          l’emballage, des composants ou de la machine usagée (ordinateur, élec-
        
        
          troménager, véhicule) au centre de récupération agréé.
        
        
          Le principe de la bouteille consignée peut être amélioré en ajoutant au
        
        
          prix des produits vendus l’intégralité de leurs frais de récupération et
        
        
          de recyclage. Il y aurait ainsi une « taxe recyclage » comme il y a une
        
        
          taxe CO2 ou une TVA. Cette taxe pourrait être mise en évidence par
        
        
          la couleur verte sur les étiquettes de manière à faciliter la réflexion (et
        
        
          l’éducation) des consommateurs. Au fil du temps, on assistera non
        
        
          seulement au retour des bouteilles de lait consignées mais également à
        
        
          l’introduction croissante de matériaux biodégradables dans les produits
        
        
          industriels, les bâtiments, les véhicules mais également dans des œuvres
        
        
          d’art d’un genre nouveau.
        
        
          Les déchets pourraient ainsi peu à peu disparaître eux aussi au profit de
        
        
          matériaux en cours de transformation.