L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
        
        
          199
        
        
          T
        
        
          faire la part du vrai et de séparer le vrai son du réel des consignes sonores
        
        
          données par un ordinateur (ou le tyran qui a la main sur lui). Dans le
        
        
          meilleur des mondes démocratiques, chacun devrait avoir le choix de
        
        
          se rendre invisible, visible ou visible à certains uniquement, comme était
        
        
          censé le permettre Facebook à ses commencements.
        
        
          Reste à savoir si demain sera le meilleur des mondes démocratiques… et
        
        
          s’il y a un avantage à ce qu’il le soit.
        
        
          T
        
        
          emple
        
        
          En France tout est temple : le cabinet du médecin, le tribunal, le com-
        
        
          missariat de police, la salle de classe, le bureau du directeur et même la
        
        
          fromagerie du quartier. Tout est chargé de symboles destinés à renforcer
        
        
          le statut ou le prestige du prêtre qui officie dans le temple : le « maître »
        
        
          fromager, monsieur le directeur, votre médecin traitant ou le « maître »
        
        
          d’école. Partout on trouve un
        
        
          ordre
        
        
          (comme l’
        
        
          ordre des avocats
        
        
          ou l’
        
        
          ordre
        
        
          des médecins
        
        
          ), partout on trouve une
        
        
          règle
        
        
          (une règle d’orthographe, une
        
        
          loi issue d’un Code), partout on trouve une
        
        
          hiérarchie
        
        
          avec des privilèges
        
        
          et des maître-quelque-chose en haut, des
        
        
          barbares
        
        
          en bas.
        
        
          Or, quand on y réfléchit, c’est le prêtre qui fait le temple. Et cette
        
        
          culture du
        
        
          temple,
        
        
          caractéristique des sociétés méditerranéennes (ou japonaise) ne
        
        
          peut fonctionner que dans une ordonnance verticale de la société. Cette
        
        
          architecture hiérarchique suppose également une spécialisation poussée
        
        
          de chacun de ses membres, une réduction de leur champ de compétence
        
        
          et donc de responsabilité, une relative indifférence à la notion de service-
        
        
          client. Ce qu’on demande au petit Français à l’école, ce n’est pas d’être
        
        
          aimable ni d’être débrouillard, c’est d’exécuter parfaitement la tâche pré-
        
        
          cise qui lui est assignée au sein de la vaste ruche, c’est d’être (et de rester)
        
        
          un technicien hautement spécialisé et parfaitement fiable.
        
        
          Quatre réalités culturelles s’épaulent et s’induisent donc mutuellement :
        
        
          – la hiérarchie ;
        
        
          – la spécialisation  ;
        
        
          – la déresponsabilisation, qu’on peut appeler encore le rejet sur autrui,
        
        
          l’
        
        
          externalisation
        
        
          des responsabilités ;
        
        
          – l’indifférence à la notion de qualité de service (à moins bien sûr d’en
        
        
          être un
        
        
          spécialiste
        
        
          officiel).