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          D
        
        
          ictionnaire
        
        
          des mots
        
        
          en
        
        
          voie
        
        
          de
        
        
          disparition
        
        
          cesse d’augmenter avec le réchauffement climatique qui en fait désor-
        
        
          mais un lieu très convenable. Le lac Baïkal devient aussi populaire que
        
        
          le lac d’Annecy. Les ressources en pétrole, en gaz, en charbon et en bois
        
        
          augmentent encore le pouvoir de fascination de la Sibérie. Il n’est pas
        
        
          impossible que la guerre pour la Sibérie, entre la Chine et l’Occident,
        
        
          devienne la principale menace du siècle qui commence, un peu comme
        
        
          pour l’Alsace-Lorraine au début du siècle précédent. En tout cas la Sibérie
        
        
          mythique, celle de l’immense taïga déserte, est en passe de disparaître et
        
        
          de fondre aussi vite que le drap de neige qui l’ensevelit.
        
        
          S
        
        
          ilence
        
        
          Le silence a longtemps été la réalité quotidienne. À l’exception de l’explo-
        
        
          sion des vagues sur les falaises et de quelquefois la foudre sur un vieux
        
        
          chêne abandonné, le silence était aussi universel que l’air que l’on respire.
        
        
          Bien sûr il y avait une fois par an les foires de Champagne, les cris de la
        
        
          colère, du désespoir ou de la solitude. Mais point besoin de boules Quiès
        
        
          ni pour dormir ni pour voyager. Les voyages pour la plupart se passaient
        
        
          à pied et les bruits étaient rares : grognement d’un voisin affamé, hur-
        
        
          lement d’un autre voisin attaqué sans pitié par un loup, attaques de
        
        
          brigands de temps en temps. L’époque était sereine.
        
        
          Aujourd’hui, le bruit de fond est devenu la norme... pour ne pas dire
        
        
          énorme. Près de 40 décibels dans les rues les plus calmes de Paris, de
        
        
          New York ou de Tokyo, 70 décibels dès qu’on pénètre dans un lieu
        
        
          public. Impossible d’aller se faire couper les cheveux sans devoir subir
        
        
          Radio Énergie. Impensable de prendre le taxi sans devoir supporter la
        
        
          radio préférée du chauffeur de taxi. Inconcevable de prendre le train sans
        
        
          être entouré de dizaines d’oreillettes plus ou moins sonores.
        
        
          À la campagne, ne vous réjouissez pas trop d’échapper au klaxon des
        
        
          ambulances, des pompiers des policiers ou des automobilistes : vous
        
        
          serez vite rejoint par le chien du voisin, sa tondeuse à gazon ou pire,
        
        
          son aspirateur à feuilles mortes. Quant aux voisines, elles n’aboient pas,
        
        
          mais… elles causent.
        
        
          Dans les situations désespérées, on se tourne souvent vers la technologie.
        
        
          L’amateur de silence n’est plus aujourd’hui obligé de se contenter de boules
        
        
          Quiès ou de bouchons en mousse. Dans les aéroports, il peut se procurer