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          D
        
        
          ictionnaire
        
        
          des mots
        
        
          en
        
        
          voie
        
        
          de
        
        
          disparition
        
        
          mondialisation, d’uniformisation, de starbuckisation, de normalisation,
        
        
          d’impersonnalisation. À Paris, capitale mondiale de la solitude, un
        
        
          logement sur deux est occupé par une personne vivant seule. C’est
        
        
          plus qu’à Londres, plus qu’à New York, plus que partout au monde.
        
        
          Ici beaucoup paieraient beaucoup pour être simplement regardés
        
        
          dans les yeux.
        
        
          S
        
        
          ourire
        
        
          Le sourire qui longtemps n’a rien coûté pourrait bien devenir d’ici peu
        
        
          le produit de luxe par excellence. Jamais il n’a été autant recherché,
        
        
          jamais il n’a été aussi rare. Quand l’offre et la demande se renversent de
        
        
          cette façon, il n’est pas rare que le prix flambe. Déjà à Tokyo, au « pays
        
        
          du sourire » vient de s’ouvrir une « école du sourire » qui défraye la
        
        
          chronique. Peu de peuples sont aussi soucieux de barricader leur visage
        
        
          que les Européens de l’Ouest, peu de peuples ont donc autant de travail
        
        
          sérieux à fournir pour s’adapter à la nouvelle « économie de la relation »
        
        
          dont le fondement réside dans la reconnaissance accueillante, souriante
        
        
          et personnalisée.
        
        
          S
        
        
          pectacle
        
        
          Autrefois, les spectacles, comme les livres, étaient tous obligés de sous-
        
        
          crire à un genre prédéterminé. Il fallait qu’un ouvrage fût positionné
        
        
          clairement comme un roman, un essai, une biographie, un long poème,
        
        
          et destiné clairement à un club d’universitaires ou de professionnels
        
        
          clairement identifiés. L’époque aimait les genres, les cibles et les cœurs
        
        
          de clientèle auxquels il fallait servir chaud un produit adéquat, avec un
        
        
          nombre de pages prévisible, conforme à la politique éditoriale de la mai-
        
        
          son. La
        
        
          logique de la cloison
        
        
          était partout : dans les livres, les bureaux, les
        
        
          maisons, les études, les cerveaux, les spectacles.
        
        
          Adepte des lofts et des bureaux panoramiques, les temps nouveaux
        
        
          détestent les cloisons. On peut dorénavant associer plusieurs spécialités
        
        
          dans ses études comme dans son cœur de métier – par exemple la mé-
        
        
          decine ET l’économie, la vanille ET la pistache – et faire jaillir de la valeur
        
        
          ajoutée de ces associations étonnantes : dans les capitales, les cafés-librairies
        
        
          côtoient déjà les restaurants-expositions de peinture.