L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
        
        
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          de plus en plus par des activités de consultant indépendant. En 2011,
        
        
          moins d’un travail sur 4 est à pourvoir dans le format « normal » du
        
        
          CDI : le reste se partage entre le CDD, l’intérim, le portage, le freelance
        
        
          et le travail indépendant (parfois masqué pudiquement sous le vocable
        
        
          respectable d’
        
        
          auto-entrepreneur
        
        
          ). La notion d’emploi salarié (au singulier)
        
        
          est en train de céder la place à celle d’activités indépendantes (au pluriel)
        
        
          qui se regroupent au sein d’un
        
        
          portefeuille d’activités.
        
        
          Autre changement : dans tous les pays occidentaux le travail à domicile se
        
        
          développe. Le samedi soir, les appartements des capitales se transforment
        
        
          en galeries de peinture, en salles de conférence, en boutiques-dégustation
        
        
          de vin. Les « soirées » deviennent indirectement payantes par de mini-
        
        
          spectacles ou les emplettes qu’elles proposent.
        
        
          Autre changement : le produit compte plus que le travail qui le produit.
        
        
          Ce qui importe véritablement, c’est l’originalité, la pertinence, la flexibilité,
        
        
          non pas la quantité de travail fourni. Tout notre imaginaire occidental de
        
        
          la culture professionnelle (cœur de métier établi, formation cohérente,
        
        
          retraite garantie, employeur unique et permanent, lieu de travail attribué,
        
        
          horaires clarifiés, conditions de rémunérations transparentes) est en train
        
        
          de s’évaporer gentiment au profit du seul résultat effectif obtenu.
        
        
          Les vieilles frontières disparaissent donc entre le travail, les loisirs, la
        
        
          formation et la consommation qui s’entrelacent dorénavant la semaine
        
        
          et le week-end et tout au long de la vie, au point qu’il est de plus en plus
        
        
          difficile, voire impossible, de définir et de délimiter la notion même de
        
        
          travail. Qu’est-ce que du travail ? Produire une activité marchande ? La
        
        
          formation, les charges familiales, les activités bénévoles ne sont-elles pas
        
        
          un travail ? Obtenir un résultat vendable ? On peut donc travailler en se
        
        
          contentant de profiter d’une rente ? Qui décide ?
        
        
          Un mot qu’on ne peut plus définir a-t-il encore une raison d’être ?