202
        
        
          D
        
        
          ictionnaire
        
        
          des mots
        
        
          en
        
        
          voie
        
        
          de
        
        
          disparition
        
        
          vous de visiter chaque jour une ville ou un pays nouveau sans avoir à
        
        
          quitter votre lit. C’est déjà possible depuis que Google Earth permet la
        
        
          visite en 3D des 780 sites classés au Patrimoine mondial de l’Unesco.
        
        
          Mais l’évolution probable la plus originale et la plus luxueuse du tourisme
        
        
          ne se trouve pas là. Elle s’inspire de l’étymologie du mot « vacances »
        
        
          qui vient du latin
        
        
          vacuum
        
        
          et qui signifie le « vide ». De vraies vacances,
        
        
          au sens profond du terme, supposent une coupure avec le travail, la for-
        
        
          mation, le stress, ce qui est de plus en plus difficile dans une
        
        
          
            société de
          
        
        
          
            relations
          
        
        
          où l’isolement devient un produit de luxe, où, à force de l’uti-
        
        
          liser, l’humanité se met peu à peu à ressembler à Internet. Peu importe
        
        
          que ces vacances soient brèves ou peu éloignées. L’important est qu’elles
        
        
          marquent une coupure, une rupture provisoire, une prise de courant
        
        
          provisoirement débranchée et donc une absence de cellulaire, de réseau,
        
        
          de télé-quelque chose, d’électronique. Rien n’étant plus toxique (ni plus
        
        
          mobilisant) que le travail ou la famille, les vacances idéales suggèrent
        
        
          l’éloignement loin de la famille, de l’entreprise, de l’engrenage quotidien.
        
        
          Peut-on rêver de vacances plus luxueuses que d’être enfin coupé de tout,
        
        
          tout comme Robinson sur son île, non pour dix ans, mais pour quelques
        
        
          jours … le temps de se vider du
        
        
          
            trop-plein
          
        
        
          
             ?
          
        
        
          T
        
        
          ravail
        
        
          Aujourd’hui, tout le monde veut un emploi : c’est une situation inédite
        
        
          dans l’Histoire. Le travail est en passe de devenir le produit de consom-
        
        
          mation le plus recherché au monde. C’est qu’il est devenu pour beau-
        
        
          coup à la fois le ticket d’entrée à tout (consommation, reconnaissance
        
        
          et connaissances) et une denrée de plus en plus rare, un gâteau toujours
        
        
          plus petit à partager entre toujours plus de convives. Si l’on tient compte
        
        
          du temps passé en retraite et en formation (y compris dans l’enfance), on
        
        
          ne travaille plus aujourd’hui en France que 10 % environ de son temps de
        
        
          veille contre 70 % au milieu du xix
        
        
          e 
        
        
          siècle. Le reste du temps se consacre
        
        
          aujourd’hui aux loisirs ou à la consommation. L’activité professionnelle,
        
        
          devenue à la fois plus formelle, plus indispensable et plus rare que jamais,
        
        
          est devenue un idéal, le rêve auquel chacun aspire.
        
        
          Ce paradoxe engendre bien des (r)évolutions. Partout les anciens cloi-
        
        
          sonnements s’estompent. Le travail à temps plein disparaît au profit
        
        
          du travail à temps partiel ou fragmenté. Le travail salarié est remplacé