L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
        
        
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          S
        
        
          de turbulences, la population européenne et la population japonaise
        
        
          sont significativement en décroissance, la qualité de vie décline dans un
        
        
          contexte écologique moins favorable.
        
        
          Les deux siècles à venir seront peut-être particulièrement difficiles :
        
        
          l’effondrement énergétique, économique et démographique de l’Empire
        
        
          romain ne s’est pas vraiment fait dans la gaieté. L’augmentation des tem-
        
        
          pératures, la banalisation des cyclones et la raréfaction de l’eau douce
        
        
          pourraient donner quelques soucis. Passer de 10 milliards à 1 milliard
        
        
          d’habitants peut soulever quelques questions désagréables.
        
        
          Mais vous n’en êtes pas encore là. Tout au sommet de la montagne
        
        
          russe, ou sur le point d’y parvenir, vous avez le sentiment de régner sur
        
        
          le monde. L’IDH (indice de développement humain évalué par le Pro-
        
        
          gramme des Nations unies pour le développement) n’a jamais été aussi
        
        
          élevé en France pendant toute son histoire. Vous-même n’avez jamais
        
        
          connu une qualité de vie comparable dans le rapport à la culture, à la
        
        
          santé, à la douceur de vivre.
        
        
          Vous culminez.
        
        
          Votre milieu de vie coïncide avec le midi précis du temps de l’Espèce.
        
        
          Vous régnez.
        
        
          Vous exultez.
        
        
          Bientôt vous exploserez.
        
        
          S
        
        
          ervices
        
        
          Il était convenu, à la fin du xx
        
        
          e 
        
        
          siècle, que l’avenir de l’économie des pays
        
        
          développés se situait au pays mystérieux des services. Cette appellation,
        
        
          démesurément large, décrivait à peu près tout ce qui n’était pas de l’ordre
        
        
          de la matière : on excluait les mines, les forêts, l’agriculture et l’industrie,
        
        
          et le tour était joué. On disposait d’un secteur gigantesque de près de
        
        
          80 % de l’économie d’un pays développé. Il faisait son orgueil et le dif-
        
        
          férenciait des pays dits « en développement » englués dans de basses
        
        
          préoccupations
        
        
          terre à terre
        
        
          .
        
        
          Par un de ces étranges retournements dont l’Histoire a le secret, ces pré-
        
        
          occupations
        
        
          terre à terre
        
        
          redeviennent à la mode. Avec la fringale des
        
        
          pays émergents pour les automobiles et les hypermarchés, le cours des
        
        
          matières premières augmente. Avec le retour du spectre de la famine,