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          D
        
        
          ictionnaire
        
        
          des mots
        
        
          en
        
        
          voie
        
        
          de
        
        
          disparition
        
        
          A
        
        
          rt
        
        
          Il n’y a pas d’art sans solitude puisque l’artiste est par définition celui qui
        
        
          propose un regard nouveau donc solitaire. Inversement, l’explosion des
        
        
          solitudes intérieures favorise l’émergence des artistes. Autour de vous,
        
        
          regardez : n’avez-vous pas l’impression que tout le monde peint, écrit ou
        
        
          fait de la musique ? Les frontières entre l’art et le non-art s’abolissent : cha-
        
        
          cun veut exprimer en toute occasion sa lecture singulière du monde.
        
        
          Quand tout devient art, plus rien ne l’est.
        
        
          A
        
        
          théisme
        
        
          La disparition de Dieu est plutôt peu probable dans les contextes à venir.
        
        
          En effet :
        
        
          Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis. Or la croissance de la
        
        
          X
        
        
          X
        
        
          population exige de plus en plus de discipline et de respect. Quand
        
        
          on se trouve à 30 dans un canot de sauvetage, il est indispensable
        
        
          de surveiller ses gestes. Le surmenage de la nature demande lui aussi
        
        
          des précautions nouvelles. Les religions à venir se rapprocheront
        
        
          peut-être de l’animisme ou du chamanisme qui imposaient le respect
        
        
          des sources et des arbres. Si l’athéisme, c’est l’inconséquence, il n’est
        
        
          pas très en phase avec les contraintes nouvelles de l’écologie et de la
        
        
          démographie.
        
        
          L’athéisme est un luxe que seuls les riches peuvent se permettre.
        
        
          X
        
        
          X
        
        
          Dieu est sociologiquement un sous-produit de la pauvreté. Les
        
        
          grandesreligions comme le judaïsme, le christianisme, le bouddhisme
        
        
          ou l’islam sont à la base des idéologies d’esclaves en rébellion contre
        
        
          des profiteurs : c’est pour cela qu’il est si difficile d’aimer Dieu et
        
        
          l’argent. Dieu, dans toutes les religions, préconise le jeûne, la sobriété,
        
        
          le sacrifice, la privation et quelquefois l’auto-amputation. Dans
        
        
          un rapport économie/démographie défavorable (comme tout
        
        
          laisse à penser qu’il va le devenir), Dieu est en revanche un remède
        
        
          parfaitement indiqué.
        
        
          Dieu, c’est enfin la libération, la relativisation, la mise entre pa-
        
        
          X
        
        
          X
        
        
          renthèses, ce qui est plus que jamais nécessaire dans les présents
        
        
          contextes de saturation. Lorsque l’esprit des hommes est encombré
        
        
          par une pléthore d’informations éphémères, d’objets jetables et de
        
        
          relations aussi épisodiques que passionnantes, la capacité à se vider
        
        
          la tête devient la condition fondamentale de l’équilibre. Notre temps