L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
        
        
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          en poussière quand on les manipule un peu. Mais comme de
        
        
          longues racines, ils sont si profondément installés dans notre façon
        
        
          de réfléchir ou de réagir qu’ils peuvent encore durer, même sans
        
        
          réalité. Comme des oies sans tête, ils courent encore.
        
        
          La civilisation nouvelle qui émerge ne sera donc pas seulement
        
        
          globale et sobre ; elle sera aussi multipolaire, inclusive, incertaine.
        
        
          Les individus, séparés de leur famille, de leur village, de leur métier,
        
        
          de leurs légendes, devront vivre chaque jour avec l’incertitude au
        
        
          ventre. La tolérance à l’incertitude y sera devenue une vertu, sinon
        
        
          une condition de survie. Une culture du flottant sera censée rem-
        
        
          placer les hiérarchies traditionnelles et les itinéraires balisés (à l’ex-
        
        
          ception de ceux tracés par les compagnies d’assurance qui finiront
        
        
          peut-être à terme par remplacer… les religions). La disparition des
        
        
          frontières entre les pays, entre les castes, entre les cultures, entre les
        
        
          cases qui structurent habituellement les sociétés, entre les concepts
        
        
          qui organisent communément les esprits, impose désormais une
        
        
          théorie générale de la relativité culturelle que n’aurait peut-être pas
        
        
          reniée Albert Einstein.
        
        
          De là ce livre de Culture-Fiction, ce manuel de Culture du Vide.