L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
        
        
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          F
        
        
          Les pessimistes objecteront que jamais toute cette industrie fleuriste
        
        
          ne pourra absorber l’ensemble du CO2 produit par l’industrie et les
        
        
          ménages. Les optimistes contre-objecteront qu’on pourra horizonta-
        
        
          liser les cheminées afin de les convertir en gazoducs orientés vers des
        
        
          serres gigantesques où l’on installera des oasis de forêt tropicale, très
        
        
          efficaces pour transformer le CO2 en oxygène. Pour éviter que ces serres
        
        
          n’explosent sous l’effet du gonflement botanique à la façon d’un soufflet
        
        
          au fromage, on veillera à y introduire de nombreux herbivores comme
        
        
          on assaisonne la salade avec des petits lardons. Et pour éviter l’inflation
        
        
          des herbivores, on introduira même quelques carnivores comme des
        
        
          tigres ou des jaguars. Ne reste ainsi que la question de la régulation des
        
        
          carnivores. On la solutionnera aisément en introduisant dans nos bulles
        
        
          tropicales quelques spécimens humains qui se chargeront également de
        
        
          s’éliminer entre eux. Il n’y aura même pas à les former pour cette mission :
        
        
          le savoir-faire est ici 100 % naturel.
        
        
          F
        
        
          rançais
        
        
          Nom masculin. Langue d’Europe occidentale du second millénaire,
        
        
          désespérément imprécise. Qu’on songe au nombre de sens possibles
        
        
          pour cette simple phrase : « J’apprends à louer des voitures ».
        
        
          F
        
        
          rontière
        
        
          
            Devinette
          
        
        
          Je ne peux rien faire contre les échanges de marchandises ou de matières
        
        
          premières,
        
        
          Je ne suis pas un obstacle à la circulation des hommes,
        
        
          Je suis bien incapable de m’opposer à la circulation des informations,
        
        
          À vrai dire, je ne suis plus grand-chose qu’une ligne en pointillé sur une
        
        
          carte étudiée par des écoliers fatigués qui regardent par la fenêtre d’un
        
        
          œil distrait la pluie tomber.
        
        
          Qui suis-je ?
        
        
          Ou plus exactement, qui ne suis-je plus ?