150
        
        
          D
        
        
          ictionnaire
        
        
          des mots
        
        
          en
        
        
          voie
        
        
          de
        
        
          disparition
        
        
          un jardin. Jardin public ? Jardin privé ? Sans doute un peu des deux. On
        
        
          n’abandonne jamais l’ambiguïté qu’à son détriment. Surtout en marke-
        
        
          ting. Jardin à l’italienne ou à la française avec des formes géométriques
        
        
          dessinées à l’équerre ? Jardin à l’anglaise ou à la japonaise avec une ap-
        
        
          parence de négligé, comme une coiffure chic ? Sans doute un peu des
        
        
          quatre. Le mélange des quatre saisons a le don de satisfaire toutes les
        
        
          clientèles. Regardez les pizzas.
        
        
          Dans tous les cas, l’entretien d’un jardin coûte fort cher et, comme pour
        
        
          toute entreprise saine, la gestion d’un jardin exige des ressources à la
        
        
          hauteur des charges qu’il occasionne. Comme les États seront de moins
        
        
          en moins solvables, vers qui se tourner sinon vers le consommateur, c’est-
        
        
          à-dire l’amateur de cerisiers du printemps et des papillons de l’été ?
        
        
          La Nature va donc elle aussi devenir une denrée monnayable. Il va lui
        
        
          falloir devenir productive et rentable.
        
        
          Certes pour les habitués, un Pass autorisera la visite régulière, sans queue
        
        
          fastidieuse aux guichets, à l’exception peut-être des périodes de fêtes qui
        
        
          exigeront un supplément spécial. Le principe même du Yield Marketing
        
        
          repose en effet entièrement sur l’idée simple de moduler le prix en
        
        
          fonction de la période et des pics de fréquentation. Si l’on veut profiter
        
        
          de l’ombre apaisante des grands chênes, il faudra donc, si l’on souhaite
        
        
          un prix très attractif, privilégier les matinées de novembre, de préférence
        
        
          les jours de semaines où il pleut. Et si l’on souhaite participer au bour-
        
        
          donnement laborieux des abeilles, pourquoi ne pas profiter des nuits
        
        
          rafraîchissantes de janvier ?
        
        
          Sachons profiter des produits « naturels ».