L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
        
        
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          M
        
        
          agasins
        
        
          L’aventure a commencé avec des livres sur Amazon. Elle s’est poursuivie
        
        
          avec des livraisons de sushis à domicile ou des ordinateurs Dell ultra-
        
        
          personnalisés. Elle s’étendra demain à la plupart des antiques magasins
        
        
          qui tous auront une « second life » sur la toile. Dans bien des cas, cette
        
        
          seconde vie virtuelle rendra la première caduque. Bien des commerces,
        
        
          petits ou grands, devront fermer boutique, faute d’avoir su compenser
        
        
          leurs nombreuses contraintes (déplacements coûteux, queues
        
        
          fastidieuses aux caisses) par de la valeur ajoutée suffisante (qualité de
        
        
          l’accueil, excellence du service, personnalisation du conseil, expériences
        
        
          multisensorielles à vivre sur place). D’une façon générale, et surtout dans
        
        
          les villes, le modèle du petit commerce de quartier, du marché de saison
        
        
          ou de la livraison à domicile est plus rentable que celui de la grande
        
        
          distribution. Les chaînes d’approvisionnement de la grande distribution,
        
        
          plus longues, plus complexes, plus dépendantes du pétrole la rendent
        
        
          plus fragiles, en termes de résilience, devant l’augmentation massive,
        
        
          inévitable, du prix du carburant fossile. Ce seront donc sans doute,
        
        
          comme les plus grands dinosaures, les premières à disparaître.
        
        
          M
        
        
          aison
        
        
          L’inconvénient principal d’unemaison individuelle réside dans son surcoût
        
        
          énergétique. Le pavillon à l’américaine, entouré d’un jardin et situé dans
        
        
          une luxueuse banlieue, implique un éloignement maximum des centres
        
        
          de travail et de distribution. Il induit donc, par voie de conséquence, une
        
        
          grande consommation de carburant.
        
        
          A contrario,
        
        
          le partage, au sein d’un même immeuble, du chauffage, de
        
        
          l’électricité, de l’eau courante, des infrastructures de communication ou
        
        
          de locaux collectifs réduit le coût par habitant de façon remarquable.
        
        
          Le citadin qui vit dans un immeuble et va chercher chaque matin sa
        
        
          baguette à la boulangerie et ses légumes au Monoprix du coin de sa rue
        
        
          est bien plus sobre que le banlieusard de Los Angeles qui passe quatre
        
        
          heures par jour dans une automobile. Il y a donc fort à parier que ce
        
        
          sera dans ces banlieues pavillonnaires que les changements seront les
        
        
          plus traumatisants dans le siècle à venir. Les villes américaines classiques
        
        
          (New York et Montréal faisant un peu figures d’exception) ont été