L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
        
        
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          bois issus de forêts protégées. Les toits végétalisés seront faits de terreau
        
        
          cultivé ou de panneaux solaires. L’eau sera utilisée plusieurs fois avant
        
        
          d’être donnée aux végétaux sur place. À l’exemple de l’hôtel Camper
        
        
          à Barcelone, elle sera par exemple d’abord utilisée dans la salle de bain
        
        
          (douche équipée de détergents végétaux), puis dans les toilettes (chasse
        
        
          d’eau), enfin dans l’irrigation d’un mur végétal (fruits et légumes). Les
        
        
          vêtements privilégieront des végétaux comme le lin, le chanvre et le coton
        
        
          cultivés biologiquement plutôt que les matériaux synthétiques dérivés
        
        
          du pétrole comme les Nike ou le Gore Tex. Les véhicules consommeront
        
        
          des biocarburants. Les énergies renouvelables, notamment végétales,
        
        
          seront privilégiées dans le chauffage ou la climatisation des logements.
        
        
          Avant d’être rejetée bêtement dans l’atmosphère, la chaleur sera, à l’instar
        
        
          de l’eau, recyclée au maximum. La ventilation double flux (VMC double
        
        
          flux) permettra par exemple, grâce à un échangeur de chaleur, que l’air
        
        
          vicié sortant réchauffe l’air froid neuf qui vient l’hiver le remplacer. L’été, on
        
        
          pourra également imaginer l’inverse : c’est le principe du puits canadien.
        
        
          La notion de saisonnalité sera ainsi systématisée : les ressources maté-
        
        
          rielles, énergétiques et naturelles s’inscriront dans un cycle à deux temps
        
        
          (1) utilisation, (2) récupération, modèle qui peut tourner en boucle à la
        
        
          différence du modèle dominant aujourd’hui : (1) utilisation, (2) dispersion,
        
        
          qui, lui, est destiné à s’épuiser rapidement.
        
        
          
            La force des relations faibles
          
        
        
          La notion de recyclage pourra également être étendue aux activités
        
        
          humaines. À l’exemple des végétaux, les êtres humains produisent en
        
        
          permanence toute une série de déchets : maladies, mauvaise humeur, fa-
        
        
          tigue, vieillesse. Plutôt que de les ignorer ou de les dénoncer comme des
        
        
          scandales (« think positive »), il devrait être possible de les rentabiliser, de
        
        
          les recycler à leur tour. De la même façon qu’un compost installé dans
        
        
          le fond du jardin (ou un lombricomposteur installé dans l’appartement)
        
        
          fermente les déchets végétaux et les transforme en terreau fertile, les lon-
        
        
          gues soirées d’hiver ou les vacances de Noël peuvent ainsi être mises au
        
        
          service d’une solitude régénératrice. Les feux de cheminée sont favorables
        
        
          à l’introversion, la méditation, la lecture, l’écriture. La tenue d’un journal
        
        
          ou le tri des photos facilitent par exemple le bilan d’une année, l’analyse
        
        
          de ses échecs ou de ses succès, l’extraction de leurs enseignements.
        
        
          D’une façon générale, l’hibernation favorise la régénération.