L'art de se faire des ennemis - page 122

aux intempéries. Au premier courant d’air d’automne, il
éternue, prend son cache-nez et déménage. On n’entend
plus parler de lui.
Le prix d’une vie relationnelle sérieuse réside donc en
grande partie dans la capacité du candidat à assumer la
notion de «
saisonnalité
». Dans le même esprit devra
être prise en considération son aptitude à assumer les
conflits et les crises. Et ceci pour au moins trois raisons :
1)
Une relation saine ne saurait se construire dans l’igno-
rance des ajustements nécessaires. Une relation vivante
entre deux êtres vivants n’est d’ailleurs rien d’autre que
cela : un exercice sans fin d’ajustements réciproques.
L’attitude qui consiste à poser les problèmes au fur et à
mesure de leur apparition est donc indiscutablement la
meilleure à long terme. Un conflit de détails permet alors
parfois de dénicher, de désamorcer un problème plus
profond. Le bon de la colère, c’est qu’elle incite à dire
toute la vérité (quand ce n’est pas davantage…).
2)
Un peu de désaccord n’est pas pour nuire à la vitalité
d’une relation, de même qu’un peu d’exercice physique
n’est pas pour nuire à la santé. Le principe de base de la
coquetterie : « deux pas en avant, un pas en arrière »
s’inspire de cette constatation. Agresser légèrement son
interlocuteur peut même être un outil de séduction très
efficace. On pratique alors une «
séduction à la
française
», un assortiment léger de masochisme et de
sadisme qui, bien dosé, permet d’échapper à l’assoupis-
sement des relations trop confortables.
En résumé, si vous souhaitez manger de la vraie soupe et
pas seulement un prêt à consommer, pratique mais sans
saveur, sachez dorénavant :
Dire que les choses ne vous plaisent pas chaque fois
qu’elles vous déplaisent afin d’évacuer les problèmes au
fur et à mesure de leur apparition.
L’art de se faire des ennemis
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