L'art de perdre son temps - page 96

Si l’on vous pose des questions, qu’on vous critique
ou que l’on vous demande des comptes, ce qui ne man-
quera pas d’arriver dans une société encore très confor-
miste, expliquez gentiment, mais fermement, que vous
avez décidé de fonctionner ainsi afin d’accroître votre
productivité individuelle dans l’intérêt de votre entre-
prise.
En fait, il y a deux sortes d’opportunismes :
— L’opportunisme externe, que tout le monde connaît
bien (il suffit d’observer les hommes politiques).
— L’opportunisme interne, qui consiste à faire pipi dès
qu’on en a envie, à s’arrêter de travailler dès que ça
devient une corvée, à s’arrêter de manger dès que l’on
n’a plus faim, et à grignoter un bout de fromage dès
qu’on en éprouve le désir, même si ce n’est pas du tout le
moment ni le lieu.
Cet «
opportunisme de l’intérieur
» est non seulement la
clef du bonheur pur et simple. C’est également une tech-
nique très efficace de gestion du temps. On demande au
cerveau tout ce qu’il peut donner mais seulement quand
il le peut.
On devrait, dans les écoles, apprendre aux enfants
dès leur plus jeune âge, l’ «
art de faire du surf
». Le «
sur-
feur
» est celui qui se propulse habilement d’une crête de
vague à une autre crête de vague. Jamais sa planche ne
touche le creux de la vague : il sait que cela le ferait
immanquablement couler.
Il en est de même dans la gestion du temps. Il faut savoir
utiliser pleinement ses phases d’apogée et décrocher tout
aussi pleinement pendant ses phases d’absence.
Celui qui sait jouer ce jeu prend immédiatement trois
avantages sur celui qui s’obstine à vouloir fournir un
rendement linéaire :
— Sa productivité qualitative est bien plus importante.
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