départ le plus d’espoir qui marchent le moins bien, tandis
que ceux auxquels je ne croyais guère initialement
recueillent quelquefois une faveur inattendue.
L’innovation systématique, la propension à prendre
chaque matin un chemin différent pour venir au travail
est l’une des habitudes les plus payantes de l’esprit. Elle
devrait être inculquée dès la petite enfance. Car, ou le
chemin nouveau est plus rapide, moins fréquenté, plus
agréable que l’ordinaire, et alors il pourra être systéma-
tisé. Ou bien il ne l’est pas, et il sera abandonné. Dans le
premier cas, ce sont les trois mille matins des dix ans à
venir qui seront peut-être améliorés. Dans le second, cela
n’engage que ce matin d’exception.
Il n’y a pas de progrès possible sans risques ou sans
expériences. Et c’est pourquoi on devrait dissuader
l’adolescent d’entrer à l’université, ce vaste hall de gare,
cette grande salle d’attente où l’on peut perdre cinq
années de sa vie comme un porte-monnaie, sans bien
s’en rendre compte. L’idéal serait de faire le tour du
monde par des moyens exclusivement terrestres et mari-
times. Le jeune citadin se trouve alors confronté à la vraie
vie, celle où il faut inventer pour survivre. D’où une mus-
culation de la créativité et, au retour, une grande autono-
mie. Débarrassé du complexe d’insécurité dont souffre
celui qui ne connaît que la vie artificielle, il sait aussi
utiliser ses vraies richesses.
À défaut de faire le tour du monde, ou au retour du tour
du monde, le garçon ou la fille de vingt ans devrait se
mettre à monter des entreprises. Certes le risque de plan-
tage est important. C’est pourquoi il vaut mieux songer à
organiser des services ou à fonder des associations qu’à
se lancer dans des investissements industriels ou com-
merciaux. Mais si tout le monde peut se planter une fois,
deux fois, trois fois, personne ne s’est jamais planté dix
et de saborder son entreprise
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