L'art de se faire des ennemis - page 86

Qu’il nous suffise de constater l’omniprésence de cet
axiome : plus on garde de liberté et moins il est possible
de s’impliquer profondément. D’où sans doute l’explo-
sion du célibat à Paris où les rencontres sont trop faciles.
Ceci étant, on butera ici encore, tôt ou tard, sur la notion
de «
taille critique
» et sur ses exigences impitoyables.
Tout se passe comme s’il y avait dans l’histoire d’un
couple, de même que dans l’histoire d’une entreprise,
une taille critique bien définie, au-delà de laquelle la
relation se met à fonctionner un peu toute seule.
Imaginez une barque (ou un pédalo) : il y a un sérieux
coup de rames (ou de pédales) à fournir au départ, mais
croisez soudainement les bras (ou les jambes) : le pédalo
(ou la barque) vous entraîne seul comme par magie.
En d’autres termes, il faut fournir une assez grande quan-
tité de foi et d’énergie pour lancer une relation de couple,
mais une fois qu’elle est mise en orbite, elle tourne à peu
près seule.
En revanche, tant que votre satellite n’a pas atteint la
distance critique de 36.000 km, il risque fort de vous
retomber sur la tête, celle d’Alexandre et de Désiré... ou
sur la mienne.
Ce qui revient à dire qu’il ne faut pas avoir peur de
mettre les bouchées doubles au commencement d’une
relation, même si l’on n’est pas payé cash.
Dans tous les cas, il est bien clair que cette « taille
critique », en deçà de laquelle il ne se passe pas grand-
chose de sérieux dans un couple, coûte suffisamment
cher en temps, en énergie, en sensibilité pour qu’il ne soit
guère possible de l’atteindre avec plus de quelques
êtres simultanément.
Et le principe de concentration, indispensable à l’efficacité
professionnelle ou intellectuelle, s’applique également
aux relations de couple. Qui trop embrasse mal étreint.
L’art de se faire des ennemis
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