L'art de perdre son temps - page 121

justice en France a quelque chose de bon. Quand le
procès a lieu, le plus gros de l’émotion est tombé. On est
plus objectif.
Une application pratique concerne par exemple la cri-
tique et le moment de la faire. Quand on est en colère, on
a tout intérêt à différer le moment de la critique. On a
alors des mots qui vont au-delà des pensées. Il y a, pour
communiquer de façon optimale, un moment optimal. Et
le chef-d’œuvre du savoir-faire en relations humaines,
c’est bien souvent de savoir identifier ce moment avec
justesse. Il y a un moment bien précis pour lancer une
critique, un autre moment pour faire sa déclaration
d’amour, un autre encore pour annoncer le prix du pro-
duit au client alléché. En relations humaines, la maîtrise
du « Quand » surpasse souvent celle du « Comment ».
Mieux que cela. Si l’on sait attendre suffisamment long-
temps, le problème en arrive bien souvent à se résoudre
complètement sans même qu’on doive intervenir. Une
situation de crise ne peut pas durer : c’est sa définition.
Aucun problème ne dure éternellement. Si l’on est
patient, la solution vient généralement toute seule. Et
tout problème se résorbe spontanément, comme une
égratignure qui saigne un peu.
En présence d’une situation difficile, la vraie question,
souvent, n’est donc pas tant de savoir comment agir, mais
de savoir comment tenir. Le grand secret réside ici sans
doute dans l’art de s’alléger des charges fixes. Mais ceci
est une autre histoire...
On devrait enseigner aux enfants, dès l’école maternelle,
l’art de ne pas réagir tout de suite, mais de reporter au
contraire le traitement du problème au moment optimal.
On leur inculquerait ainsi un principe fondamental de
réussite :
et d’en faire perdre aux autres
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