revoir au plus vite ». Les variantes sont alors
infinies : on peut toucher le bras, l’épaule ou doucement
la tête de quelqu’un d’assis (mais pas dans les pays
hindous où la tête est sacrée). Si votre ami s’apprête à
repartir en voiture, vous pouvez par la fenêtre, lui serrer
la main à l’envers en lui prenant à pleine main le pouce
gauche dans votre main droite. Même chose sur le
plan verbal où, plutôt que prononcer les trois syllabes
consacrées : O + RE + VOIR, vous pouvez déchaîner
votre imagination : « Dépêchez-vous de revenir », « Je
suis impatient de te revoir bientôt ».
Le « S’il te plaît » consiste à prendre un risque. Celui de se
mettre en situation de dépendance. Il n’a de sens que s’il
est appuyé par la gestuelle et la mimique : un regard
franc, une certaine humilité de la pose.
Le « Merci » est capital. C’est lui qui conditionne le désir
du donneur de renouveler ses dons. Lui-même doit être
conçu comme un don en contrepartie du don. D’ailleurs
« merci » veut dire en latin « récompense ». Le merci ali-
mente le cercle vertueux de la générosité et son absence
l’enraye. Ici encore le regard est essentiel. Il n’y a pas de
merci sincère sans un regard appuyé dans les yeux, sans
un mouvement des sourcils (c’est ici que tout se joue). Ici
encore, il est indispensable de rafraîchir sa formule et
de la revitaliser : « Je ne m’attendais vraiment pas à ça »,
« Je suis vraiment touché car c’est la première fois qu’on
me fait un pareil cadeau ». Personnaliser ne veut évidem-
ment pas dire exagérer. Le trop est une fois encore ici
le pire ennemi du bien. Les remerciements exagérés
expirent l’hypocrisie et inspirent l’antipathie.
Mais rien ne vous oblige à être sympathique. Vous
pouvez, comme le font un grand nombre de cadres issus
des grandes écoles, vous couper de tout le personnel de
l’entreprise par vos airs arrogants, votre indifférence
et de saborder son entreprise
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