L'art de perdre son temps - page 29

performance industrielle de civilisations qui ne le sont
plus depuis bien longtemps.
L’exemple le plus typique est celui de l’isolation du toit.
Si vous isolez votre toit avec de la laine de verre, votre
consommation de mazout ou de gaz diminue d’environ
30 % et cela contribue à diminuer le PNB de la nation.
De la même façon, si vous achetez une voiture qui
consomme deux fois moins d’essence, moins polluante et
plus sûre (et réduisant par conséquent d’éventuels frais
de santé ou d’hôpitaux), le PNB de la nation diminue.
Mais cela ne veut absolument pas dire que la qualité
de vie diminue, bien au contraire. Une réduction des
quantités produites est parfaitement compatible avec un
accroissement de qualité de vie, de développement et
même de niveau de vie.
La civilisation interactive ne peut simplement pas fonc-
tionner sans des individus anticonformistes, entrepre-
neurs, innovateurs et créatifs capables, chaque jour de
leur vie, de fournir une dose d’inédit.
S’il y a un domaine où l’originalité est bien utile, c’est
par exemple celui des horaires. L’homme d’aujourd’hui,
à la différence de tous ses ancêtres, vit dans une surabon-
dance de tout, à l’exception de ces deux denrées fonda-
mentales que sont l’Espace et le Temps. Or, il n’y a pas de
perte de temps plus commune et plus bête que les
«
embouteillages
». Il y a des gens dont le temps passé à
patienter dans les embouteillages est finalement plus
long que le temps consacré au travail effectif.
Les embouteillages, comme les représentations du Père
Noël aux environs du 25 décembre, existent sous bien des
formes. Il y a les embouteillages de Chilly-Mazarin le
matin vers 8 heures et le soir vers 18 heures (au moins
4 heures de perdues pour l’aller-retour). Il y a les queues
interminables aux caisses le vendredi soir ou le samedi
et d’en faire perdre aux autres
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