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D
écouvrez
la
face
cachée
de
votre
personnalité
L’ Insouciant
Oisif, avec un O aussi grand que le trou de la grande arche, il vous
parle toujours des poèmes qu’il écrit (mais qu’il ne lit jamais), de
la thèse qu’il termine (mais qui n’est jamais terminée), de la musi-
que qu’il compose (mais qu’on n’entend jamais) ou des toiles qu’il
achève (mais qu’on ne voit jamais). Tout cela n’est que prétexte
(au fait de ne pas travailler). Éternel étudiant, Richard a des amis
qui lui ressemblent. Ensemble ils fréquentent, pendant des pauses
qui s’éternisent le distributeur à café de la fac, près de l’UFR de
Philo, en un endroit surnommé la « Mer des Sargasses » à cause
du nombre impressionnant d’épaves qu’on y repêche. Il fréquente
également les écoles des Beaux-Arts et même certains groupes
de musique d’amateurs. Son look hippiedissimule en effet une
multitude de petits talents, graphiques, poétiques et musicaux.
Il faut cependant pour s’en rendre compte être patient et ne pas
avoir peur de la fumée. Richard en effet fume toujours beaucoup,
et plus seulement des cigarettes inoffensives.
Il s’appelle Ismaël. Il s’agit là encore de Richard vingt ans après (ou
si vous préférez de Barnabé trente ans plus tard). Barnabé-Richard-
Ismaël n’a jamais su avec précision quelle était la teneur exacte de
son état civil ; la perte régulière de ses papiers d’identité n’a de
toute façon pas facilité les choses. En fait, vous êtes libres d’appeler
Ismaël comme bon vous semble. Le nomqu’il porte, c’est celui qu’on
prend l’habitude peu à peu de lui donner. Une bouteille à la mer
perd vite son étiquette. Ismaël est flottant : il ne jette jamais l’ancre.
Il ne réside pas : il squatte. Il ne travaille pas : il effectue des jobs
de providence. Si l’on veut rapidement retrouver Ismaël, il faut se
rendre dans les rues piétonnes, dans les galeries marchandes, dans
le Métro, dans le quartier des Halles, dans tous les endroits où il y
a du monde et du passage. Il y fait du lèche-vitrine, il y rencontre
des gens qui lui ressemblent, il dessine sur la dalle avec des craies
des visages d’anges qui par contre ne lui ressemblent pas. Il se laisse
vivre par la rue, comme s’il n’avait guère d’identité véritable et qu’il
avait besoin d’un environnement mouvementé pour se sentir exister.
Il est toujours d’une maigreur anormale, mais de sa maigreur il est
