L'art de perdre son temps - page 80

Scier la branche
sur laquelle on est assis
L
e principe inverse est bien entendu tout aussi fondé.
Il faut avoir un certain culte des activités bénéfi-
ciaires. Et exploiter au maximum, voire amplifier à l’infini,
toutes les démarches personnelles qui se sont avérées
payantes. Cela exige trois outils : un peu de temps, du
papier et un quart d’heure de tranquillité pour se livrer à
un exercice fondamental : la «
lessive
».
Qu’est ce que la lessive ?
La lessive consiste à coucher par écrit toutes les démarches
entreprises au cours des dernières années et toutes les
œuvres conduites jusqu’à leur aboutissement.
On se préoccupe ensuite de mesurer leur degré de succès,
en les répartissant par exemple en différentes catégories
inspirées du Guide Michelin : trois étoiles pour les plus
positives, zéro étoile pour les plus décevantes.
On détermine ainsi d’une manière analytique ce qu’on
sait le mieux faire, ce qu’on aime le mieux faire et les
domaines où, dans la vie, on est le plus rentable.
Il n’y a plus ensuite qu’à organiser son existence de façon
à allouer le plus de temps et le plus de ressources person-
nelles aux activités les plus rentables.
Les destins historiques (ceux d’Alexandre, de Pasteur ou
de Léonard de Vinci, par exemple) sont ceux où la totalité
du temps utile est consacrée aux « trois étoiles ».
Les vies les plus modestes sont celles où la totalité du
temps utile est consacrée aux « zéro étoile ».
Si certaines activités sont ainsi payantes, certaines
ressources sont précieuses. Est précieuse une ressource
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