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D
écouvrez
la
face
cachée
de
votre
personnalité
Le Taciturne
envie de se demander comment ils font pour s’en rendre compte,
puisque la gueule il semble bien la faire à peu près tout le temps.
Louons quand même son sens développé du rangement, car c’est
à lui que nous devrons de ne pas avoir trop de problèmes avec
l’administration. La possession de quelques spécimens de Taciturne,
dispatchés avec finesse et pertinence dans l’entreprise, a en effet
pour conséquence intéressante de garantir à son propriétaire une
paix relative avec les administrations. Peut-être est ce parce que
le Taciturne les vénère comme des divinités païennes et qu’elles
lui en sont reconnaissantes. Peut-être est-ce plus prosaïquement
parce que dans l’administration, il y a énormément de Taciturnes
(génétiques ou culturels) et que personne ne comprend mieux un
Taciturne qu’un autre Taciturne.
La vie du Taciturne pourrait paraître à première vue dénuée d’in-
térêt. Pourquoi perdre du temps à explorer une terre aussi ingrate
? Un objectif : limiter les emmerdes. Une destinée : le « Nirvanâ »
taciturnien (« On ne fait rien, on ne dit rien, on n’aime rien, on ne
ressent rien, on ne pense à rien, on ne convoite rien, etc. »). Il ne
semble pas devoir y avoir là motif à disserter pendant des heures.
Et cependant il faut faire l’étape du Taciturne. Car on ne comprend
le jour que si on a fait au préalable l’expérience de la nuit. Pourquoi
toujours chercher à déchiffrer le jour derrière l’obscurité nocturne
? Il y a des nuits qui sont des nuits, de vraies nuits, des nuits absolu-
ment nocturnes. Le noir est quelquefois plus noir qu’on n’imagine.
Et c’est de là qu’il faut partir si l’on souhaite faire comprendre la
singularité de la lumière. Paul Valéry, qui tendait certainement
un peu au Taciturne, dit de monsieur Teste, dans
Monsieur Teste
,
« qu’il a tué la marionnette ». Et par là, il veut dire que monsieur
Teste a décidé un jour d’échapper à ce qu’il y avait d’insensé dans
le flux de la vie, dans ce qu’il pouvait y avoir d’absurde au sein de
ce chant plein de bruit et de fureur et que déclame un histrion
ivrogne. Passer son temps à courir après du vent (des sous dont on
n’a pas besoin, des gens qui ne peuvent que nous faire du mal, des
réponses à des questions sans réponses), c’est le lot des multitudes.
Le jeune Taciturne, dès sa plus tendre enfance, décide de ne pas
s’encombrer de ces futilités.
