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Découvrez la face cachée­ de votre personnalité
L’ Irréprochable
et fausses (induites arbitrairement), il va bâtir des raison­nements
hyper-sophistiqués et hyper-rationnels. La vie est une bataille. Il
y a les gagnants et il y a les perdants. Les rapports humains ne
peuvent pas être autre chose que des rapports de force où il
s’agit d’être le plus fort, c’est-à-dire le plus tenace. Dès qu’on fait à
l’Irréprochable courant la plus petite remarque, dès qu’on remet
en cause le point le plus petit et le plus isolé de son vaste système,
on déclenche parfois, sans le vouloir, des réactions d’une violence
tout à fait dispro­portionnée. Il se livre aussitôt à un numéro de
trapèze intellectuel où des déductions ultra-logiques en chaîne se
développent à partir de postulats gratuits.
Il sera donc particulièrement facile de manipuler l’Irréprochable
(pour qui veut s’en donner la peine). Il suffit pour cela de le confor-
ter habilement dans ses positions, d’entretenir adroitement le feu
haineux qui est en lui (et qui le dévore), de repérer la structure du
système et des mots-clefs qui le caractérisent — France, famille,
entreprise, honnêteté, justice, qualité totale, travail, grandeur,
homme (sic !) — puis d’intégrer à ce système le produit ou l’idée
que vous voulez lui vendre. On peut aussi dès le départ soutenir un
point de vue rigoureusement contraire à celui que l’on a vraiment,
puis faire semblant de céder par faiblesse après avoir allumé son
esprit de contradiction.
L’Irréprochable quotidien est un homme sobre, discret et apparem-
ment humble—parfois une éminence grise—dont le calme et le
silence apparents dissimulent en fait la sensibilité la plus extrême.
Intérieurement, il est vécu par de violentes tensions, par des inter-
rogations an­goissantes auxquelles il est d’autant plus difficile de
répondre qu’elles exigent une réponse sans nuance et qu’elles sont
quelquefois bien mal posées dès le départ : qui est coupable ? Eux
oumoi ? Qui sera le gagnant ? Moi ou eux ? Faut-il nécessairement
qu’il y ait un coupable, un puni, un perdant ? L’Irréprochable n’en
doute pas un seul instant car sa vie intérieure est fondamentale-
ment manichéenne et qu’il ne conçoit pas l’existence d’un blanc
sans l’existence d’un noir pour le faire ressortir.